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« Je ferai tout pour soulager la souffrance » disait Hippocrate au IV siècle avant J-C ; il y a 10 ans, un projet ambitieux porté par quelques pionniers a vu le jour : la SAETD (Société Algérienne d’Evaluation et de Traitement de la Douleur) a-t-elle pour autant soulagé cette souffrance ?

Vu le formidable élan illustré par votre présence en nombre aujourd’hui, il nous est, au moins, permis d’espérer et surtout de poursuivre cette aventure.

La réalité de la prise en charge de la Douleur quelque soit la discipline passe toujours par la relation de confiance entre le patient et le médecin ; les stratégies thérapeutiques aussi élaborées soient-elles nécessitent impérativement une prise de conscience du soignant, une formation continue, adaptée, une organisation des soins transversales et pluridisciplinaire, cela implique également d’y consacrer du temps, d’être d’une grande disponibilité et je rajouterai de l’humilité.

De votre engagement, votre mobilisation active la SAETD (Société Algérienne d’Evaluation et de Traitement de la Douleur) est devenue un véritable réseau  de réflexion et d’échanges, en œuvrant ensemble, nous entretenons une vigilance permanente sur des sujets d’actualités, une éducation thérapeutique et surtout un véritable contrat d’engagement absolument nécessaire à l’organisation d’une vraie politique de santé dans notre pays.

La  Douleur résulte de l’interaction entre le phénomène qui la génère, les capacités de l’individu à l’intégrer et celle de l’environnement à la reconnaître ,voire à la traiter ; un véritable défi à relever ; les difficultés du terrain en terme de pérennité, de structures, de ressources humaines mais aussi de valorisation de l’activité de sa prise en charge  sont souvent source d’échec, malheureusement tous ces problèmes ne peuvent se résoudre par une approche académique et une organisation classique de soins, ils nécessitent une démarche volontaire et une mobilisation de tous pour une organisation de soins adaptée à cette multidisciplinarité.

La volonté de la SAETD (Société Algérienne d’Evaluation et de Traitement de la Douleur) de poursuivre et de renforcer la politique engagée avec vous, depuis 10 ans impose une approche évaluative. La richesse des thèmes retenus par le comité scientifique en relation avec la nécessaire évolution des connaissances et des pratiques médicales nous amène à réfléchir à certains aspects qui ont une répercussion directe sur la politique de santé publique dans notre pays.

Si la Douleur aigue constitue toujours une préoccupation majeure, on ne saurait occulter la problématique de la douleur chronique, véritable entité pathologique  qui, sans être nouvelle, est  de mieux en mieux comprise, source d’handicap et d’altérations majeures de la qualité de vie, elle induit une consommation importante de soins et d’arrêt de travail, grevant les budgets alloués à la santé. La majorité des médecins expriment des difficultés à sa prise en charge liées aux contextes polypathologiques  et à un accès difficile et insuffisant ; la douleur neuropathique pose le problème majeur de son diagnostic et de son traitement.

« La chronicisation »   de certaines douleurs aigues pose le problème du lien avec la douleur chronique, véritable entité pathologique, le plus souvent négligée voire ignorée, de plus en plus fréquentes, elles posent le problème de leur reconnaissance  et de leur domiciliation.

Les douleurs chroniques postopératoires requièrent aussi une  approche particulière, une prise de conscience et une organisation de circuits de soins adaptée.

Sans oublier le drame des soins palliatifs totalement ignorés qui se continuent souvent anarchiquement par des soins à domicile totalement inappropriés, particulièrement dans le domaine de la cancérologie, ajoutant à la souffrance la détresse et l’abandon.

Le développement de la chirurgie ambulatoire oblige à une réflexion approfondie, définir des critères d’éligibilité des patients à certains traitement antalgiques à domicile pour soulager les structures de soins et organiser une véritable réhabilitation.

La SAETD (Société Algérienne d’Evaluation et de Traitement de la Douleur) doit aussi être un organe de propositions dans le domaine de la formation; l’introduction d’un module obligatoire de formation médicale continue relatif à la prise en charge de la douleur et aux soins palliatifs par la voie Universitaire nous semble appropriée et urgente.

Riche de votre expérience du terrain, d’actions louables et encourageantes; la SAETD reste consciente des insuffisances rencontrées, mais forte de votre détermination, la SAETD « grandit » ; l’ambition et la fougue de sa jeunesse doivent se compléter par une plus grande maturité source d’exigence et de rigueur. Mettre en adéquation la notion de thérapeutique antalgique avec l’architecture des circuits de soins adaptés ne se conçoit que dans le cadre d’un véritable plan national « Douleur » impliquant la communauté universitaire, les institutions et l’ensemble de tous les acteurs, dans un esprit d’engagement et de responsabilité.